Voici le chapitre 2 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.
Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
– Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Plus j’avançais, plus je remarquais des anomalies. Bizarrement, les scènes de catastrophe devant moi n’avaient rien à voir avec les images d’archives illustrant le terrorisme. C’était trop gros. Il y avait des dégâts partout, mais trop désordonnés. Certains endroits étaient touchés, d’autre non. Ce qui n’était certainement pas la marque d’une bombe.
De même, il n’y avait aucune trace d’attaque à l’arme à feu. Juste des accidents de voiture, des lampadaires tordus, des poubelles éclatées. Certaines vitrines étaient comme neuves, alors que d’autres étaient brisées en mille morceaux, sans qu’aucun objet exposé ne soit volé. Le pire, c’était de voir certaines façades d’immeubles complètement effondrées, comme après un tremblement de terre.
Je repensais au propos de l’homme en uniforme. Je commençais à penser à deux théories.
Soit, il y avait vraiment eu une catastrophe naturelle. Soit, d’après la description de ces attaquants, des extraterrestres venaient tout juste de nous envahir.
À cette pensée, je souriais.
Des extraterrestres ! Vraiment ?
La folie commençait peut-être à me gagner. Il fallait absolument que je retrouve ma famille. J’espérais sincèrement que mon frère était encore en vie et qu’il avait pu se mettre à l’abri.
En voyant un panneau tenant en équilibre sur un pilier. J’en déduisis que je n’étais pas loin du magasin de jeux vidéo où mon frère devait être. Je continuai d’avancer, accélérant le pas.
Alors que je tournais au coin de la rue, je vis quelque chose d’horrible, tellement affreux que je reculai. Le gardien n’avait pas rêvé !
Juste devant moi se tenait une créature humanoïde. Ses doigts étaient aussi longs que des baguettes chinoises. Le plus surprenant, c’est qu’elle portait des vêtements. Sauf qu’ils étaient déchirés par endroits et maculés de sang.
À première vue, j’aurais pu croire à un extraterrestre, vu la forme de son crâne. Mais à sa démarche lente et maladroite, je le rangeais plutôt dans la catégorie des morts vivants.
La seule chose qui le différenciait de l’un ou de l’autre était son visage. Il n’en avait pas. En regardant avec plus d’attention, on voyait sur le devant du crâne deux grands appendices. Entre les deux se trouvait une petite rangée de minuscules membres.
On pouvait dire qu’il n’avait rien de charmant. Le pire était cette odeur nauséabonde. De toute ma vie, je n’avais jamais vu une telle créature. Je n’aurais même pas pu imaginer son existence.
La chose s’avança. Je reculais. J’aurais pu faire demi-tour et courir. Mais mon regard ne pouvait se détacher de cette créature. J’avais une peur bleue de la voir me bondir dessus. En la gardant dans mon champ de vision, je pouvais la surveiller.
L’idée aurait pu être bonne, si je n’avais pas mis les pieds dans des gravats. Maladroite comme je suis, il arriva la pire des choses. Je tombai, les fesses les premières, par terre.
La chose accéléra le pas comme attiré par ma détresse. J’avais envie de crier à l’aide. Mais aucun son ne sortit de ma bouche. Lorsque je vis une horde de ces choses apparaître. Ils émergeaient des bâtiments, des décombres, et même de dessous les voitures.
Ils n’avaient pas tous le même physique. Certains avaient même le torse ouvert, laissant apparents leurs côtes et leurs organes. La seule chose qui ne changeait pas était leurs têtes.
Au fur et à mesure, qu’ils avançaient, je me retrouvais encerclée. Paniquée et n’ayant aucune arme à disposition, je pris une grosse pierre. Bien décidée à m’en sortir, je la jetai de toutes mes forces sur la créature en face de moi.
C’est alors que la pierre rebondit, comme si elle avait percuté du caoutchouc. Étonnée, je vis mon arme retomber au sol sans faire un seul dégât. Je me rappelai subitement le coup de la matraque.
Ces choses ne pouvaient pas être combattues ! Étaient-elles invincibles ?
Ça expliquait pourquoi je n’avais croisé aucun survivant sur ma route. Étant sans défense, elles les avaient sûrement tous ingurgités.
Les monstres se rapprochèrent, il devait rester que quelques mètres entre eux et moi. Peu importe, où mon regard se posait, j’en voyais partout. Il était certain que j’allais être dévoré vivante.
J’allais mourir ! Vraiment mourir !
Comment faire pour m’en sortir ?
— MODE GAME ACTIVE !
Soudainement, j’entendis une voix robotique émanant de mon Altereur. Cette petite voix me fit reprendre mes esprits. Étant focalisé sur autre chose que la peur, je pus percevoir l’attaque sournoise d’un des monstres. Rapidement, je roulais sur le côté pour éviter un coup de griffe. Celui-ci m’égratigna le bras.
Par contre, je renversai au passage deux créatures me permettant ainsi de sortir de l’embuscade. De nouveau libre de me mouvoir, je me relevai.
Je respirai un grand coup pour reprendre mes esprits, quand d’autres de ces choses jaillirent de leur cachette.
— Mais combien sont-ils ?
D’un coup, quelque chose me revint en mémoire. Ces monstres, je les avais déjà vus quelque part.
Mais où ?
Tout en reculant, j’essayais de remettre mon cerveau en route.
Oui, j’en étais sûre. J’avais vu ces créatures, il y a longtemps de cela. Lors… Lors d’une commémoration.
Je regardai mon Altereur, et me souvins d’un vieil évènement d’élimination pour l’anniversaire d’une compagnie de jeux vidéo.
Oui ! Ces choses étaient des créatures venant d’un jeu. Ça expliquait pourquoi aucun élément venant du monde réel ne pouvait les toucher. Seul un objet matérialisé par un Altereur pouvait les blesser.
C’était tout bêtement des monstres venant d’un ancien jeu. Cette réflexion me fit sourire. Maintenant, je savais quoi faire pour me défendre.
Le seul hic était leur faculté à interagir avec le monde réel. Normalement, les monstres ou les personnages venant d’un jeu ne pouvaient pas blesser directement un humain. Cette attaque soudaine de monstres ou cette blessure qui avait marqué ma peau n’auraient jamais dû avoir lieu. Il y avait définitivement un problème…
Mais pour l’instant, ce n’était pas le sujet. Mon seul objectif était de sortir de là vivante.
Je regardai mon Altereur. Si l’on devait le décrire grossièrement, je dirais qu’il avait l’apparence d’une montre. Sauf qu’à la différence de celle-ci, il ne faisait pas que donner l’heure. Le cadran central était un écran tactile permettant de naviguer dans le menu holographique projeté juste au-dessus.
Tout autour du cadran se trouvaient diverses prises servant à connecter l’appareil à plusieurs supports. L’élément le plus important était la fente sur le côté qui permettait d’interchanger les cartouches de jeu.
Par chance, j’avais déjà une cartouche insérée à l’intérieur et elle était parfaitement adaptée pour combattre ces créatures. Sans attendre, j’appuyai sur le bouton d’activation via le menu.
— ACTIVATION DU JEU SHIRANUI
Aussitôt, une voix confirma mon choix. Mon Altereur transforma les informations du jeu en données de réalité virtuelle.
Ainsi deux oreilles de loup blanc apparurent sur ma chevelure blonde. Suivis d’une magnifique queue claire au bout noir, qui prit place en bas de mon dos. Dans mes mains se matérialisa un énorme pinceau, à la pointe tachée d’encre.
En voyant cet outil, on pourrait croire qu’il venait tout droit d’un jeu vidéo éducatif. Ce qui n’était pas vraiment le cas. Ce pinceau, aussi grossier soit-il, était une arme.
Par contre les autres accessoires visuels, la queue et les oreilles, étaient justes là pour faire joli. Un petit bonus que certains joueurs appréciaient. Il permettait de se différencier des autres et surtout de revêtir les éléments venant d’une licence qu’on affectionnait particulièrement.
Le pinceau bien en main, je dessinai dans les airs un trait horizontal sur le premier zombie que je vis. L’avantage de ce pouvoir était que je n’avais pas besoin d’être proche de la créature. Je pouvais l’attaquer de loin tant que je l’avais dans mon champ de vision.
Le dessin exécuté, il disparut rapidement, pour laisser place à un vif flash de lumière qui décapita la créature. Sans tête pour le guider, le corps tomba brusquement à terre.
Rassurée, je continuai de faire plusieurs traits dans les airs, démembrant mes ennemis par dizaine. Cette capacité semblable à la lame d’une épée m’était d’une grande aide.
Le chemin devant moi fut rapidement dégagé. Je me retournai pour combattre mes derniers poursuivants.
Cette fois, je tapotai plusieurs points noirs sur le corps de ces zombies. Sans surprise, de petites explosions se déclenchèrent sur leur chair, créant de larges trous.
Certains de ces monstres se retrouvèrent complètement en bouillie. D’autres n’avaient plus de jambes, mais ils s’en fichaient. Ils rampaient péniblement vers moi, tout en hurlant de douleur.
J’aurais presque eu pitié d’eux. Du moins s’ils n’avaient pas cherché à me dévorer, il y avait à peine une minute. Je terminai d’un coup de pinceau l’exécution de ces derniers monstres.
Essoufflée, je respirai difficilement, regardant le champ de bataille. Plus aucun ennemi ne se présenta. J’étais saine et sauve, mais épuisée.
Ça faisait un moment que je n’avais pas combattu en mode réalité augmentée. Je n’avais plus le temps pour ça à cause de mon travail. Ne parlons même pas du sport, qui aurait pu me maintenir en forme. Lui aussi avait déserté mon quotidien.
— Mode veil…
Je remarquai alors quelque chose. Normalement, lors d’un jeu de combat avec un Altereur, chaque joueur avait droit à une barre de vie. Celle-ci permettait de savoir lorsqu’on était hors jeu lors d’un combat contre des monstres ou d’autres joueurs.
Là. Cette fameuse barre n’était pas là.
J’avais beau n’avoir pas joué depuis des lustres, j’étais tout de même au courant des dernières nouveautés et celle-ci n’en faisait pas partie.
À croire que l’apparition de ces monstres et ce soudain changement d’interface étaient liés. Cette idée en tête, je regardai le manche de mon pinceau voyant alors une barre, imprimée dessus. Soulagé, je vis quelle était encore là.
Cette petite barre noire était tout simplement ici pour indiquer ma réserve d’encre. Ce même liquide, qui me permettait de peindre, donc d’attaquer. Plus de barre, plus de réserve.
Heureusement, contrairement à d’autres armes, ce réservoir d’encre se régénérait au fil du temps. Si je n’avais plus eu accès à cette indication, j’aurais eu un sacré handicap lors de mes prochains combats.
— Activation du mode veille.
— MODE VEILLE ENCLENCHÉ.
Comme je m’attendais encore à combattre, je mis tout simplement le mode jeu en sommeil. Je pourrais ainsi l’utiliser rapidement en cas d’attaque et ça consommerait moins de batteries. Même si, l’Altereur se rechargeait grâce au soleil.
Je cernais un peu plus la situation. Ces monstres étaient apparus pour x raisons. Mais ils n’étaient pas invincibles, du moins pour les joueurs.
Tout le monde avait un Altereur, seuls les gens déconnectés n’en avaient pas. Cependant, tous les utilisateurs ne se servaient pas du mode Gameur.
Ce qui expliquait pourquoi peu de personnes sortaient au grand jour. Bien sûr, il fallait aussi prendre en compte que cette vague de créatures avait attaqué par surprise, prenant tout le monde au dépourvu.
Mais, où était la police ? Les secours ?
Je secouai la tête pour évacuer toutes ces questions. Une seule importait plus que les autres.
Mon frère était-il vivant ?
C’était un joueur invétéré d’Altereur, peut-être… Oui peut-être avait-il eu une chance de survivre. Et ce n’était pas en restant planté là que je le saurais.
Cette fois, je me mis à courir dans ce labyrinthe de ruelles. Par moments, j’entendais des bruits suspects, distinguant des ombres dans les coins. Comme je ne voulais pas dépenser mon énergie dans une autre confrontation, je décidai de les contourner pour continuer ma route en toute sérénité.
Après plusieurs mètres, je vis au loin un énorme panneau à fond vert, avec écrit en jaune fluo « Fan gameur ». C’était sans aucun doute, le magasin de jeux vidéo que je cherchais.
Je remarquai que l’entrée n’était plus là, ni la vitrine. Le bâtiment s’était tout simplement écroulé sur lui-même.
Une énorme boule d’angoisse remonta au niveau de ma gorge.
Pitié. Pourvu que mon frère ne soit pas dedans. Qu’il ne soit pas mort !
— VICK ! VICK !
De plus en plus paniquée, je criai son nom. Je me fichais pas mal que d’autres monstres viennent m’attaquer. Puis, je me tus, tendant l’oreille. Mais, je n’entendis aucune réponse.
— Vick ! Réponds ! Vick !
À genoux, je me mis à déblayer les gravats, essayant d’atteindre la porte.
Je devais voir son corps de mes propres yeux… Si je ne le trouvais pas, peut-être… Peut-être qu’il était encore vie, quelque part.
J’avais beau retirer les pierres, des nouvelles apparaissaient juste en dessous. Peu importaient mes efforts et mes mains lacérées. Je n’arrivais pas à avoir la réponse à ma question.
Au fur et à mesure de mes appels, ma voix faiblissait, puis devint presque inaudible. Mes yeux se remplir de larmes. J’étais sur le point de pleurer. J’avais envie de hurler.
Mais quoi ?
Mon désespoir ? Ma peine ? Ma colère ? Ou les trois en même temps ?
C’est alors que je perçus une présence derrière moi. Non, plusieurs. Des ombres déformés de petites créatures apparurent. Elles avaient une silhouette grossière semblable à des dinosaures.
J’entendis des grognements. Je sentis des souffles chauds sur ma nuque. J’étais dos au mur. Je n’avais pas le choix. Je devais combattre. Les mains moites, j’appuyai doucement sur mon Altereur.
— MODE VEILLE DÉSACTIVÉ !
— Tais-toi, bon sens !
Alors que je me retournais prête à combattre, je vis une de ces choses foncer vers moi, la gueule grande ouverte. Effrayée, je me protégeai avec mes bras.
Une seule pensée effleura mon esprit… J’allais bientôt rejoindre mon frère.