Voici le chapitre 8 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.
Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
– Chapitre 1 – Catastrophe p.1
– Chapitre 2 – Catastrophe p.2
– Chapitre 3 – Rescapé p.1
– Chapitre 4 – Rescapé p.2
– Chapitre 5 – Rescapé p.3
– Chapitre 6 – Appétit Jurassic p.1
– Chapitre 7 – Appétit Jurassic p.2
J’aurais tellement voulu que cette sortie se termine sans accroc. Mais, le destin en avait décidé autrement.
Alors que nous étions enfin réunis et sur le départ, nous entendîmes du bruit. C’était semblable au son que ferait une armée de femmes en talons haut. C’était assez étrange, d’autant plus que nous étions les seuls humains ici.
Quelque chose de dangereux s’approchait. Le tout était de connaître le nombre et la puissance de cette menace.
Daniel fit signe aux autres de ne pas bouger.
— Ne courez pas ! Ne vous séparez pas ! Tous ceux qui peuvent se battre, préparez vos Altereurs.
Mes camarades acquiescèrent, armant leurs montres et leurs cartouches. Nous étions prêts à en découdre.
C’est alors que je les vis. Ils nous encerclaient complètement, empêchant toute fuite.
À ma gauche, je reconnus les lézards orange que Vick avait fait fuir, leur nom était Laggi. Par contre, ceux, à droite, étaient différents. Mais, ils provenaient du même univers.
Ils étaient semblables aux raptors, mais leur corps était plus fin et souple. Leurs écailles étaient rouges avec des taches noires. Ils avaient également une bosse arrondie au niveau du museau. Si on ne voyait pas leurs nombreuses canines, on aurait presque tendance à vouloir se moquer de leur tête.
Toutefois, ces petits reptiles étaient aussi dangereux que les Laggi. C’étaient de vrais carnivores, qui chassaient en bande. Mais ils ne le faisaient jamais avec des Laggi. Pour eux, ils étaient des rivaux pour la nourriture.
En clair, nous étions en plein milieu d’une dispute de territoire. Ils avaient décidé de faire de nous un casse-croûte et une excuse pour se battre. Nous étions mal tombés.
Tout en les regardant, je pris une grande inspiration, doucement je sortis de ma poche mon deuxième jeu, puis j’appuyai sur le cadran.
— MODE GAME ACTIVE !
La voix synthétique se répéta plusieurs fois, montrant que tout le monde avait fait comme moi. Alors que les monstres nous regardaient avec une grande vigilance. Daniel fit signe d’activer nos armes. Le gagnant de ce combat sera celui qui attaquera en premier.
— ACTIVATION DU JEU MONSTER KILLER !
Cette fois, je ne pris pas mon jeu Shiranui. Mon choix, c’était porté sur la grande licence Monster Killer. Ces créatures venant de ce jeu vidéo, il y avait de quoi les combattre dedans.
D’un coup, deux armes apparurent dans mes mains. Deux belles épées, une était faite d’écailles vertes, alors que l’autre, bien plus grande, était recouverte d’écailles cramoisies. Ces deux lames provenaient de deux Wyvernes, qui étaient connues pour être des âmes sœurs. D’où leur nom : Flamme sœur.
Contrairement à Shiranui, je n’avais pas de décoration pour agrémenter mon apparence. J’avais juste mes armes, ainsi qu’une petite arbalète sur mon avant-bras gauche. Celle-ci permettait d’utiliser un panel d’accessoires.
J’activai l’interface de mon arbalète et fit apparaître une petite fenêtre bleue semi-transparente. Dessus je vis les objets que j’avais en stock. Mon doigt s’arrêta sur une balle jaune. Je la sélectionnai et elle s’insèrera à l’intérieur de mon arbalète.
— Je vais utiliser une bombe flash dans 3 secondes, fermez les yeux et courez vers la gauche.
Je pointai mon arbalète vers les créatures, qui commençaient à grommeler d’impatience et à se rapprocher dangereusement.
— 1…
— 2…
— 3 !
J’appuyai sur la détente et fermai les yeux. J’entendis alors la balle touchait le sol, suivis de hurlements reptiliens. J’ouvris aussitôt les paupières pour constater que les monstres étaient complètement sonnés et perdus.
La bombe flash était une arme redoutable. Elle consistait à faire une lumière intense dès que la munition était éjectée, rentrant l’adversaire aveugle et confus pendant quelques minutes.
C’était notre chance, nous devions fuir pendant que l’ennemi était désorienté.
— On y va !
Tout en écoutant les ordres d’Alex, je courus, fendant l’air avec mes armes. Je profitai de l’occasion pour tuer ces créatures. En quelques coups, plusieurs de ces monstres tombèrent à terre, agonisants.
Je n’étais pas la seule à combattre. Vick lançait des boules d’énergie, désintégrant tout sur son passage. Debora tirait des balles à l’aide de deux pistolets bleus. Alex utilisait un simple fusil-mitrailleur. Ceux qui détenaient les armes corps à corps étaient William, Jim, Daniel et moi.
Alors que William se battait avec des gants de boxe bleus montés sur ressort. Jim et Daniel avaient chacun respectivement une épée. Un, avait une magnifique rapière, alors que l’autre avait une digne lame de chevalier.
Malheureusement, je ne pouvais pas dire d’où ces armes provenaient. Même si je suis certaine que Vick, lui, le savait.
Nous avancions ainsi rapidement vers la sortie. Elle n’était pas loin, je voyais presque l’arche en pierre qui débouchait vers l’extérieur.
Cependant, notre joie fut de courte durée. Un rugissement aigu résonna dans toute la rue, nous obligeant à nous couvrir les oreilles. Puis, une immense silhouette cramoisie apparue.
C’était un Aydrome, un reptile semblable aux petits raptors rouges. C’était en fait le mâle Alpha de la meute. Il avait donc quelques caractéristiques qui le différenciaient des autres.
Déjà sa taille : il devait faire plus de trois mètres de haut. Il avait aussi une très longue queue contrairement à ses semblables. Il avait également une peau rouge, rappelant celle des salamandres, qui se dégradait vers le violet.
Sa particularité était une grande crête en forme de hache au sommet de son crâne. Ainsi que les deux excroissances à l’arrière semblable à deux cornes.
C’était, une créature connue pour être rapide et agile. Ce n’était pas le genre de monstre que je souhaitais croiser en ce moment. Pourtant il était bien là, nous barrant le chemin.
L’Aydrome nous fixa avec ses yeux jaunes, cherchant à nous intimider. Il fit un pas en avant, se faisant le plus imposant possible. Il ne voulait pas que nous sortions de son territoire.
Je ne sais pas comment nous pouvions le combattre dans l’état actuel des choses. Sa meute, composée d’Ayprey, allait bientôt reprendre ses esprits. Les Laggi allaient en faire de même. Nous serions pris bientôt en sandwich.
Que pouvions-nous faire ? Passer sur le côté ? Faire une diversion ?
Alors que les reptiles s’agitaient derrière nous, j’essayais de penser à un plan.
C’est alors qu’un autre hurlement se fit entendre. Il était plus fort et féroce. Je me raidis, un autre grand monstre allait entrer en scène.
Dans un grand vacarme, un reptile ressemblant à un vélociraptor géant sortit d’un magasin en pulvérisant sa façade. Il avait une longue queue criblée de pics et une collerette violette et orange surplombée sa tête. Il était également recouvert d’une magnifique crête de poils blancs qui descendaient de son flanc jusqu’au bout de sa queue.
Il avait une allure féroce et digne à la fois, tout le contraire de l’Aydrome. Cette créature était connue sous le nom de Grand Laggi. Il était le mâle Alpha des Laggi. Un chef connu pour sa mâchoire robuste et son intelligence.
Nous avions là des champions. Deux créatures puissantes prêtes à batailler pour un morceau d’humain. Je ne sais même pas si nous avions la capacité de les battre. Toutefois, la venue de ce Grand Laggi était une opportunité en or. C’était la diversion que nous attendions.
Le Grand Laggi hurla sa rage contre son rival l’Aydrome. Celui-ci répondit aux provocations. Pour le moment, nous n’étions plus le centre d’intérêt. Nous avions qu’une opportunité et nous devions la saisir.
— Fuyez, en contournant le grand rouge !
Ma bouche était pâteuse, mais ça ne m’empêcha pas de crier de toutes mes forces. Comme réveillé par mon ordre, tout le monde se mit à courir. Malheureusement, notre fuite attira l’attention du grand Laggi, qui profita de l’occasion, pour happer la pharmacienne en pleine course.
Avec sa grande gueule, il l’attrapa par la tête et la jeta contre un mur. Son corps à moitié dévoré glissa le long de la pierre pour terminer par terre. Son sang rouge ruisselait entre des dalles grises.
Face à cette scène macabre, nous criâmes de peur et de surprise. Pendant ce temps, les petits Laggis se précipitèrent sur le cadavre pour profiter du festin. Les Ayprey, jalousant ce dîner, se jetèrent aussi dessus. C’est alors qu’une querelle à coups de mâchoires et de griffes s’entama entre les deux bandes.
Alors qu’ils se battaient pour savoir qui terminerait les restes, l’Aydrome nous fixa. Il était encore en chasse.
— On court et on les contourne !
Alex pointa du doigt la sortie. Nous devions absolument partir vers une zone plus large. Dans cette rue étroite, il était impossible de combattre, ou de fuir facilement. Nous étions emprisonnés sur place.
Le groupe se divisa en deux, un contourna les monstres par la gauche et l’autre par la droite. J’avais choisi la deuxième option. Malheureusement, le grand Laggi se tourna vers moi, m’immobilisant sur place.
Ce monstre m’avait choisie comme sa prochaine proie. Il fit un bond en avant, pour me barrer la route. Bien décidée à me défendre, je courus vers lui et lui donnai quelques coups au niveau de ses pattes arrière.
En réponse, il riposta avec un violent coup de patte, me faisant tomber par terre. Puis, il me répliqua avec un coup de queue. L’attaque était si puissante qu’elle m’éjecta en arrière, me faisant percuter la porte d’une boutique.
Mon dos me faisait mal, j’étais effrayée et sonnée. Alors que je relevais la tête pour reprendre mes esprits, je vis deux yeux orange qui me fixaient.
Sa mâchoire était à quelque centimètre de moi. Je pouvais sentir la chaleur de son souffle et l’odeur de son haleine. Un fin filet de bave coulait entre ses canines. Il avait faim. Il allait bientôt me dévorer.
J’avais envie de pleurer, de crier, de me débattre, mais je restai là, figée, comme si j’admirais une œuvre d’art à couper le souffle. Pendant un instant, le temps s’est arrêté. Je repensais à ma vie. Mon travail… Vick… Mon avenir…
Mon esprit fut rempli de tellement de pensées que j’aurais pu en vomir. Mais à la fin, mon cerveau se vida. J’allais mourir.
Je fermai les yeux, voulant éviter de voir la mort en face. Je ne pris même pas la peine de me protéger. C’était la fin.
Le grand Laggi releva sa tête, ouvrit sa mâchoire et se rapprocha au-dessus de moi. Je sentais sa salive tomber sur mes cheveux. Je tremblais. Je priais…
Un coup de feu retentit, percutant la gueule du monstre. Déboussolé, le grand Laggi fit plusieurs pas en arrière. Quand il releva sa tête, je vis qu’il était blessé au niveau du museau.
Troublée par ce sauvetage in extrémiste, je cherchai mon sauveur du regard. C’était Jimmy. Il tenait entre ses mains un fusil sniper. Il avait réussi à passer derrière L’Aydrome.
J’ai eu de la chance. Je me relevai, expirant toutes mes angoisses, et couru loin de mon prédateur.
En plus de moi, il restait trois autres personnes prises au piège par l’Aydrome. Il était le dernier obstacle entre nous et la sortie. Ceux de l’autre côté tentaient d’attirer son attention. Mais le dinosaure semblait faire une fixation sur nous quatre.
Soudain, j’entendis des pas lourds derrière moi. Le grand Laggi était déterminé à me cibler de nouveau. Je tentai de fuir, quand une masse informe et violette se précipita vers moi. Je l’évitai en bondissant sur le côté. L’objet finit sa course en percutant de plein fouet la tête de mon poursuivant.
Énervé par cette attaque, il se mit à hurler. Aussitôt, une autre bulle mauve fut lancée. Elle provenait de l’Aydrome. Je me rappelai alors que ce projectile pouvait empoisonner.
L’Aydrome avait-il tenté de m’intoxiquer ou visait-il le grand Laggi ?
Fou de colère, le grand Laggi rugit une deuxième fois. Son cri de guerre ameuta les petits Ayprey, qui en représailles se mirent à lui mordre les chevilles. En retour, les Laggi ripostèrent, défendant leur chef.
Une masse de lézard se rassemblait derrière moi, faisant claquer leurs mâchoires et bondissant les uns sur les autres. Tout ça me laissa un peu de répit. Je me levai et regardai Aydrome qui m’observait silencieusement. Lui aussi réfléchissait à son prochain mouvement. Il avait l’air de prendre son temps.
Dans mon cas, je n’avais pas ce luxe. Je courus sur le côté. Surpris par mon approche, l’Aydrome cracha plusieurs petits projectiles empoisonnés. Je reculai pour éviter la première salve. Mais je ne pus esquiver la seconde. Impuissante, je vis l’attaque m’arriver en pleine figure.
C’est alors qu’une épée fendit l’air, détruisant la plupart des bulles. Je reconnus Daniel qui après m’avoir défendue se tourna vers moi.
— Allez, on y va !
Il me prit brusquement par la main et se mit à courir.
— MAINTENANT !
Daniel hurla en direction du groupe se trouvant derrière l’Aydrome. S’en suivirent, des bruits de détonation. Tout le monde tirait sur le monstre rouge, le faisait reculer loin de nous. Ainsi, Daniel, moi et le couple de survivants, nous avons pu passer cet obstacle cramoisi.
De l’autre côté, Daniel me lâcha. En remerciement, je lui souris. Puis je courus vers Vick.
— Ça va ?
Mon frère fronça les sourcils.
— C’est plutôt moi qui devrais dire ça !
Alors que j’étais prête à répliquer, nous entendîmes plusieurs hurlements. Le grand Laggi et L’Aydrome étaient toujours là. Ils avaient encore envie de nous chasser.
Heureusement, maintenant, nous avions le champ libre. Nous pouvions sortir de cet endroit.
Tout le groupe couru vers la sortie. Nous mettions toute notre énergie à creuser un écart entre eux et nous. Cependant avec leurs grandes pattes, c’étaient facile pour eux de nous rattraper. Nous le sentions, ils étaient juste derrière nous. Un faux pas, une chute, tout pouvait nous conduire à faire connaissance avec leurs mâchoires.
Certains avaient fait le choix difficile de laisser tomber leur sac à dos rempli de provisions. Quant aux caddies, ils étaient depuis longtemps abandonnés. Personne n’avait eu l’idée de les garder.
Enfin à l’extérieur, je fis volte-face et pointai du doigt l’arche qui servait de porte d’entrée.
— Il faut la faire s’écrouler, vite !
Si nous arrivions à la faire tomber sur elle-même, elle boucherait le passage évitant que la course-poursuite ne s’éternise. C’est dommage, nous allions perdre un lieu de ravitaillement. Mais il fallait bien faire ce sacrifice pour survivre.
Je ne sais pas comment nous pouvions le faire. En dehors des Altereurs, nous n’avions ni armes ni explosifs.
Je vis Alex matérialiser un lance-grenades dans ses mains. Il visa l’arche et tira une grenade qui explosa au contact de la pierre. Normalement, avec une vraie grenade l’arche aurait déjà été détruite.
Mais dans ce cas, c’était inutile. Les armes créées par un Altereur n’avaient aucun impact sur le monde réel. C’était une perte de temps et de ressource. Il fallait que je stoppe Alex.
Je m’approchai de lui pour tenter d’arrêter sa tentative désespérée.
— Ça marche, ça marche. Encore ! Encore, Alex !
Soudain, Vick encouragea Alex. Je levai les yeux et remarquai qu’une petite fissure s’était formée sur l’arche. Choquée, je vérifiai plusieurs fois ce que je venais de voir.
Non ! C’était impossible.
Cette fente était sûrement là avant. C’était juste, un mirage créé par le désespoir.
Alex continua, tirant d’autres grenades. Étonnamment, après trois explosions l’arche commença à s’effriter.
Comment ? Pourquoi ?
Si on y pense, ces créatures irréelles avaient maintenant un impact sur notre monde.
Alors, peut-être…
Peut-être que les objets créés avec un Altereur avaient également la même capacité, mais plus faiblement.
Cela voulait dire que nous pouvions nous blesser avec nos Altereurs ?
Perdue dans mes pensées, je fus réveillée par les cris enragés des deux gros reptiles. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres de nous.
L’arche était encore debout. Nous n’avions plus le temps de fuir. Soit la pierre tombait au sol et nous sauvait, soit nos vies étaient fichues. En désespoir de cause, tous ceux qui avaient à leur disposition des armes de gros calibre tirèrent sur la roche.
Après une farandole d’explosions, l’arche s’effondra enfin. Les deux monstres disparurent derrière un amas de poussières et de pierres. Nous laissant seuls avec nos cris de joie.
Certains d’entre nous tombèrent à terre pour récupérer, d’autres épongèrent leurs sueurs et leurs larmes.
Nous étions vivants. Nous étions sauvés.
J’avais envie de revenir à notre base, et dormir deux jours complets. Cette journée me paraissait atrocement longue.
En signe de défaite, les deux créatures hurlèrent de colère avant de se taire. Les bêtes étaient parties. Elles étaient vaincues.
— Bon, il est temps de rentrer.
Alex fit signe aux autres de partir. Nous ne devions pas rester plus longtemps dans les parages. Qui sait, il y avait peut-être d’autres créatures. Nous n’avions certainement pas la force pour une deuxième bataille.
Au bout d’un moment, Alex arrêta le cortège, pour vérifier l’état de tout le monde et les ressources que nous avions réuni.
La plupart des survivants étaient en forme. Ils avaient juste des égratignures et des ecchymoses.
Quant à nos provisions, elles étaient bien maigres. Quelques boîtes de conserve, des snacks, des bandages. Au niveau de l’eau, nous ne disposions que dix bouteilles. Nous ne pouvions pas tenir plusieurs semaines avec ça. Il faudra peut-être envisager de boire l’eau des robinets venant de la banque.
Une fois nos ressources évaluées, il était temps de reprendre la route vers la base.
— Daniel ! Ça va ?
Je remarquai que Daniel traînait derrière le groupe. Son visage était pâle. Il n’avait pas l’air en forme. J’accourus vers lui, inquiète. Il leva son visage vers moi et m’offrit un sourire troublé.
— Je dois être épuisée… Pourtant, j’ai… L’habitude des situations extrêmes, mais là… Je ne sais pas, je…
D’un coup, il toussa, puis tomba à genoux. Je m’approchai de lui pour le rattraper.
— Daniel ! Daniel ?
Sans crier gare, Daniel vomit un liquide violet, puis il s’effondra dans mes bras. Son visage était blanc et son regard vide.
— Daniel ? Daniel ?
Je le secouai plusieurs fois. Le reste du groupe accouru vers moi, complètement paniqué. William mit un genou à terre, et posa son doigt au niveau du cou de Daniel.
— Je ne comprends pas, il…
William tourna son visage vers moi.
— Il est mort !
Je regardai le jeune homme aux cheveux blonds, la bouche grande ouverte.
— Quoi ?
William hocha la tête. Je compris que je tenais entre mes mains le corps inerte de notre compagnon Daniel. Il était mort…
— Comment ? Pourquoi ?
Troublée, je demandai une explication à William. Il soupira et examina le corps délicatement.
— Pas de blessure apparente…
Il se figea alors en regardant derrière le cou de Daniel.
— C’est peut-être ça.
Il montra à tout le monde une tache violette qui s’était incrustée sous la peau de Daniel. Je savais ce que c’était.
L’Aydrome avait empoissonné Daniel. Ce poison l’avait dévoré petit à petit jusqu’à le conduire à la mort.
Mais quand avait-il été touché ?
Peut-être… Qu’au moment où il m’avait défendue en coupant en deux les balles de poison, une goutte de cette mixture toxique l’avait touché. C’était possible.
Je regardai mon sauveur mort, j’avais envie de pleurer. Pourtant aucune larme ne tomba, je ne le connaissais malheureusement pas assez pour avoir ce privilège. Je ne pouvais que le remercier de son aide et souhaiter qu’il soit maintenant heureux là où il était.
Par respect, ou à cause du choc, tout le monde resta silencieux. Nous fixâmes Daniel, attendant une réaction. Mais elle ne viendra jamais. Nous devions enterrer son corps. C’était la moindre des choses que je pouvais faire. Lui donner une tombe.
— Hmmm… Je ne veux pas être affreux… Mais on est censé attendre combien de temps avant de récupérer son Altereur et ses cartouches, sans être mal vu ?
Toutes les têtes se tournèrent vers Vick. Je le regardai, choquée.
— Vick ?!
Mon frère haussa des épaules.
— Quoi ! Tout le monde pense ça !
J’essayais d’effacer de mes oreilles ce que je venais t’entendre. Je déposai délicatement le corps de Daniel au sol et me levai.
Je posai un doigt accusateur sur le torse de mon frère, alors que j’étais prête à lui faire la morale, je sentis une main se poser sur mon épaule.
— C’est bon !
Je me retournai pour voir le visage triste d’Alex.
— On rentre !
Je soupirai et me pinçai le nez pour me calmer.
— D’accord…
Avant de rentrer à la base, nous enterrâmes comme prévu Daniel, lui faisant une petite tombe. J’espère avoir le temps, plus tard, de l’agrémenter de fleur.
Vick a récupéré l’Altereur et les deux cartouches de Daniel sous mon regard accusateur. Il ne parut pas culpabilisé de son action. Il restait fidèle à lui-même.
Sur le chemin du retour, je me demandais si Daniel avait de la famille.
Il ne semblait pas marié vu qu’il n’avait pas de bague. Mais il pouvait quand même avoir une copine ou des enfants.
Mince ! Qu’est-ce que je pourrais leur dire ?